vendredi 22 juin 2018

Ecrivain... un fantasme...

Bonjour à tous,

aujourd'hui, je voudrais vous parler des auteurs en colère, mais pas de la partie technique.

Vous le savez peut-être, la hausse de la CSG, le passage à l'impôt à la source et la disparition de l'Agessa qui gère nos droits sociaux posent beaucoup de questions, des questions auxquelles le gouvernement tarde à donner des réponses.

Pour en savoir davantage sur cette partie technique, je vous invite à lire les deux BDs de Samantha Bailly et Miya : Episode 1 et Episode 2.

Moi, je voulais vous parler du mythe de l'auteur...

Quand je rencontre des gens et que je leur explique que je suis écrivain, leur première réaction est souvent de penser que je suis pétée de tunes. Oui, c'est comme ça. Se dire écrivain renvoie à tous ces films et livres où l'écrivain célèbre décide de prendre un peu de bon temps pour écrire son prochain roman. Cela renvoie également à tous ces écrivains qu'on connaît, Musso, Levy, Nothomb, Thilliez, Sfar pour n'en citer que quelques uns, et qui semblent bien gagner leur vie et c'est sans doute vrai. Je leur souhaite en tout cas.

Mais voilà, ce statut d'écrivain est en fait un fantasme. Si une petite fraction parmi nous gagne très bien sa vie, la majorité ne peut pas vivre de cette activité. Quand j'explique que je touche un euro par livre vendu par ma maison d'édition et que si je vend un millier d'ouvrages, je suis la plus heureuse sur Terre, qu'il m'a fallu au moins un an pour écrire le dit ouvrage et que je ne suis payée qu'une fois par an, ça reflète davantage la réalité du terrain.

Mais quand j'explique ces conditions de travail, mes conditions de travail, beaucoup me réponde que de toute manière, l'écriture n'est pas un travail, mais un loisir, une passion... comme si le fait d'être passionné par son travail justifiait le fait qu'on n'en vive pas. WTF !

Et pour moi, c'est là que le bât blesse. Le métier d'écrivain n'est pas considéré comme un vrai métier !

Mais sans doute parce que nombreux auteurs ne le considèrent pas eux-mêmes comme un vrai métier ! Combien de fois, ai-je vu des statuts FB où l'auteur annonçait être en arrêt maladie de son boulot et en profiter pour écrire ? WTF ! Quand je suis malade, perso, je n'écris pas...

Des auteurs, en fait, il y en a pléthore, et de tous les genres.  Une quantité non négligeable d'entre eux considère l'écriture comme un loisir et non comme un métier et ne veulent surtout pas lâcher leur travail. J'en ai même vu qui revendiquaient le droit de distribuer leurs créations sans demande de rétribution... sans se soucier du tort qu'ils faisaient aux autres. D'autres auteurs, au contraire, aspirent à suffisamment toucher de droits d'auteurs pour pouvoir arrêter un métier principal qui n'est qu'un gagne-pain. Et d'autres, comme moi, ont franchi le pas, parce qu'ils avaient la chance d'avoir un conjoint qui leur apportait le confort matériel. (Oui, je suis une femme entretenue... Cela fait toujours beaucoup rire quand je le dis. Je ne sais pas pourquoi.) Et d'autres encore parviennent à en vivre correctement.

Dans tous ces auteurs, il n'y a qu'une partie qui revendique que ce soit leur métier et pas juste une passion. C'est comme s'il y avait des plombiers dont c'est le métier et des plombiers qui ne font ça que pour le plaisir, la gloire. Ce serait étrange, non ?

C'est ce mélange qui, à mon sens, porte préjudice au métier d'écrivain. Oui, car pour moi, il s'agit bien d'un métier. Quand on travaille plusieurs heures par jour pour sortir un roman, c'est un travail. Et cela, quelle que soit la vitesse à laquelle on sort le dit roman. Il y a des auteurs prolifiques, voire prolixes, et d'autres moins.

Il faudrait un statut de l'écrivain, en fait, un statut pour ceux dont c'est véritablement le métier, mais comment l'octroyer ? Sur quels critères ? Je l'ignore.

Certains prétendent qu'on est écrivain quand on gagne sa vie grâce à ses écrits, mais je ne suis pas d'accord avec cette affirmation. Etre vendu, reconnu suffisamment pour en vivre, c'est autant une question de talent que de chance et de tendance. La quantité d'exemplaires vendus de nos œuvres n'est pas forcément un critère de qualité. Et l'attrait d'un lecteur pour une écriture, un style, une histoire est tellement subjectif. On ne peut pas se baser là dessus pour définir à qui pourrait être accordé le statut d'écrivain.

Et en même temps, il est clair qu'un pays ne peut pas payer un salaire à tous ceux qui se prétendraient auteurs.

J'avoue. Je ne vois pas de solution. Une hausse des pourcentages des maisons d'édition ? Si pour les grosses structures, cela ne fait pas un pli, que dire des petites structures ? Est-ce qu'elles pourraient s'en sortir ? Ou y aurait-il des pourcentages différents suivant la taille de la maison d'édition ?

Et puis, il ne faut pas se leurrer. Etre écrivain, c'est souvent un rêve pour beaucoup et les éditeurs trouveront toujours des gens prêts à rogner sur les droits d'auteur pour être édités. Il y a bien des auteurs qui se font avoir et payent pour être édités. Et comment le leur reprocher puisqu'ils ne voient pas l'écriture comme un métier, mais comme un tremplin vers une forme de gloire ?

La boucle est bouclée... Écrivain est un métier sans statut, un fantasme...

Et pour moi qui veut en vivre, je trouve ça terrifiant ! Parce qu'on ne vit pas de gloire.

Voilà. Ce n'est qu'une petite réflexion sur le sujet, ma propre réflexion. Elle ne permet pas de trouver de solution, mais peut-être d'exposer un peu mieux le problème d'être écrivain à notre époque.

Et ça me fait penser que je devrais vraiment changer le titre de ce blog. Je ne me sens plus un écrivain en devenir, mais un écrivain à part entière, même si je ne gagne toujours pas ma vie en racontant des histoires. Je garde l'espoir d'y parvenir un jour.

A bientôt




1 commentaire:

  1. Toutes les femmes entretenues ne sont pas écrivains.
    Et elles ne sont pas toutes pétées de tunes.

    Il fallait le dire et l'écrire.
    C'est chose faite. :-)

    Ecrivain, c'est un métier... certes oui. Si on prend des travaux de commandes, alors on peut en vivre. Enfin, on vit plus de ses représentations externes (classes, bibliothèques, etc.) que de son écriture.

    Sauf, tu as raison, coup de bol. Bon éditeur, bien placé avec un bon réseau de ventes... pour un texte qui colle aux attentes du public. Ce n'est pas juste un coup de chance, hein.
    C'est aussi un acte commercial, et un "bon" écrivain est un bon commercial... comme tout artisan qui se respecte et veut vivre de son métier.
    C'est aussi un patron de son travail, il cible en priorité ce qui va lui rapporter de l'argent... et pas ce qu'il a envie d'écrire en premier lieu.
    Il ne se concentre pas sur des domaines réduits, il vise le public le plus large. Et donc écrit dans tous les domaines. Le cul marche toujours très bien. Les romans sentimentaux également. Les créneaux porteurs existent, il suffit de surfer sur la vague et d'écrire en proportion.

    Mais est-ce bien ça, un écrivain ?

    Un écrivain, c'est avant tout un nouveau continent à découvrir, à explorer. C'est une pensée, plus ou moins unique ou originale, qui nous absorbe hors du quotidien.
    C'est une fontaine à mots. Quand il faut produire, tirer un livre par mois (un nanowrimo mensuel), dans tous les domaines, ça oblige à écrire écrire écrire écrire.

    Et un écrivain, c'est celui qui écrit.
    Celui qui veut en vivre doit accepter d'écrire "comme il faut" pour en vivre.

    Bisous
    l'Amibe_R Nard

    RépondreSupprimer

Merci d'indiquer un pseudo. :)